Rêver (même) en temps de guerre avec Ngũgĩ Wa Thiong’o
L’écrivain kényan Ngũgĩ Wa Thiong’o vient de faire paraître ses mémoires Rêver en temps de guerre (Ed. Vents d’ailleurs. 1er tome), traduit par Jean Pierre Orban et Annaëlle Rochard. Journaliste, essayiste, romancier, auteur de pièces de théâtre et professeur à l’Université de Californie à Irvine, l’écrivain « afro-saxon », comme il se définit, a un jour choisi d’écrire dans sa langue maternelle le kikuyu pour échapper à l’emprise de la langue coloniale. En 1977, sa pièce de théâtre Je me marierai quand je veux, jouée en kikuyu, lui vaut un an d’emprisonnement. Publié en 1986, son essai Décoloniser l’esprit (Ed. La Fabrique, traduit par Sylvain Prudhomme) est un adieu à la langue anglaise. En mai dernier, après plus d’un demi-siècle d’interdiction, Je me marierai quand je veux a de nouveau été jouée à Nairobi, en kikuyu, où les représentations ont remporté un immense succès.
Auteur de La Rivière de vie ; Et le blé jaillira ; Pétales de sang ; Le Procès de Dedan Kimathi, etc., il a été plusieurs fois cité pour le prix Nobel de littérature. Dans In the House of the Interpreter (2ème tome) il exprime son admiration pour la littérature française, notamment pour Louis-Ferdinand Céline, dont il souhaite la traduction de l’œuvre intégrale dans sa langue maternelle, Molière dont il a traduit deux pièces, Rabelais, Balzac… Ngũgĩ Wa Thiong’o, qui s’autotraduit, considère la traduction comme «la langue commune des langues» et travaille actuellement à un livre sur la question.
Avec Jean-Pierre Orban
Modération : Gladys Marivat
Projection d’un court entretien enregistré par Gladys Marivat avec Ngũgĩ Wa Thiong’o en amont de cette rencontre.
photo: ©Daniel Anderson