Un traducteur à l'honneur :
Luba Jurgenson
Traductrice du russe et écrivaine, enseignante et chercheuse, co-directrice de la collection « Poustiaki » aux éditions Verdier.
Née à Moscou en 1958 et arrivée en France à l’âge de 17 ans, Luba Jurgenson adopte le français comme langue d’écriture en 1981. « Le français n’est pas ma langue maternelle, mais ma langue « natale », celle de la seconde naissance », ainsi son nouvel état civil linguistique est daté de 1991, « l’année où mon pays natal disparaît de la carte ». A 23 ans, elle publie son premier recueil de nouvelles Avoir sommeil (Gallimard), suivi de plusieurs romans L’Autre, Une autre vie, Le Soldat de papier , Education nocturne....
Parallèlement à sa propre création littéraire, Luba Jurgenson mène une brillante carrière universitaire, en tant que professeur(e) de littérature russe à Paris IV Sorbonne et directrice de recherches. Ses travaux portent principalement sur les récits de témoignages du goulag, et en 2003, paraît aux éditions du Rocher l’essai L’expérience concentrationnaire est-elle indicible ?
Luba Jurgenson qui assure « qu’il lui est plus facile d’écrire que de traduire » signe sa première traduction en 1986 pour l’Age d’Homme, un grand classique, Oblomov de Ivan Gontcharov. Elle est entre temps l’auteure d’une quarantaine de traductions, dont des textes de Nina Berberova, Lev Tolstoï, Vassili Grossman, Vladimir Toporov (prix Russophonie 2009) Varlam Chalamov et d’auteurs contemporains tels que Leonid Guirchovitch ou encore Sergueï Lebedev qu’elle publie dans la collection Poustiaki, car « son plus grand plaisir est quand le travail d’édition et de traduction s’entremêlent ». Sa traduction du roman Camarade Kisliakov de Panteleïmon Romanov (Edition Héros-Limite) est en lice pour le prix « Lire la Russie/Read Russia ».
En 2015, elle reçoit le prix Valery Larbaud pour Au Lieu du péril, subtil essai où elle analyse les effets du bilinguisme sur le corps et l’âme et tente de partager son expérience (indicible ?) de l’entre-deux. Ainsi, elle constate : « Lorsque nous interrogeons notre bilinguisme, il nous tourne le dos, car nous le faisons dans l’une ou l’autre langue, pas les deux. Impossible de le regarder en face. »
Table ronde le samedi 1er octobre de 14h à 15h suivie d’une lecture par Philippe Noël d’extraits de
Au lieu du péril, Une autre vie, Le Soldat de papier de Luba Jurgenson, des Récits de la Kolyma de Varlav Chalamov traduit avec Sophie Benech, entre autres.