Maison d’Europe et d’Orient
Traduire les écritures théâtrales d’Europe de l’Est, d’Asie centrale et de la Méditerranée
Dominique Dolmieu, fondateur de la Maison d’Europe et d’Orient, installée sous le viaduc des Arts à Paris depuis 2005, vient présenter les multiples activités de cette « auberge de l’étranger » qu’est la MEO. Salle de spectacles (Théâtre du Viaduc et galerie), librairie, maison d’édition (L’Espace d’un instant) et compagnie théâtrale (Théâtre national de Syldavie) et un centre de ressources (Bibliothèque Christiane-Montécot), la MEO anime également le réseau de traduction EURODRAM, composé de 300 membres représentant 30 pays, qui a pour but de faire connaître des œuvres inédites et de les diffuser entre les différentes langues de la région. Il propose à travers les dernières pièces traduites de découvrir quel regard une partie du théâtre français porte sur « ces barbares de l’Est »…
Cernodrinski revient à la maison de Goran Stefanovski, traduit du macédonien par Maria Béjanovska
le macédonien est un cas assez emblématique : côté grec on refuse que cette langue porte ce nom, considéré comme patrimoine hellénique... côté bulgare certains nationalistes affirment qu'il ne s'agit que d'un dialecte du bulgare... et le pays même compte une très importante communauté albanophone, mise en situation de quasi apartheid (qui a amené au conflit de 2001) pendant des années. l'occasion aussi de parler de traces et de mémoire...
Vivra d'Alan Kazbeg (à paraître), traduit du russe par Bleuenn Isambard
une commande d'écriture de la MEO sur la tragédie de Beslan (la prise d'otage d'une école en 2005 dans le Caucase par des terroristes, terminée dans un bain de sang 350 morts). L'occasion de parler de théâtre documentaire, puisque le texte est exclusivement tiré des minutes du procès et fait amusant, le principal inculpé n'était pas russophone, il a appris le russe en prison, et le parle fort mal mais comment faire passer ça dans une traduction ?
Patriotic hypermarket de Milena Bogavac et Jeton Neziraj, traduit de l'albanais et du serbe par Karine Samardzija, pièce écrite à quatre mains, via skype, en deux langues
Patriotic hypermarket de Milena Bogavac et Jeton Neziraj, traduit de l'albanais et du serbe par Karine Samardzija, avec la collaboration d'Arben Bajraktaraj, une pièce écrite à quatre mains, via skype, en deux langues... et là aussi du documentaire.
Présentation générale des ateliers de la MEO
La Maison d’Europe et d’Orient, par l’intermédiaire de Dominique Dolmieu propose différents modes d'interventions à la découverte des écritures théâtrales de l'Est de l'Europe. Il peut s'agir de rencontres, conférences ou ateliers, de durée variable, pour un public aussi large que possible, lecteurs, spectateurs, élèves, étudiants, artistes amateurs ou professionnels...
La proposition commence par une brève présentation des activités de la Maison d’Europe et d’Orient, et notamment Eurodram, le réseau européen de traduction théâtrale qu’elle a fondé, et se poursuit par une traversée du catalogue de l’Espace d’un instant, principale maison d’édition francophone dans le domaine des dramaturgies de l’Est de l’Europe. Une description complète et exhaustive de la myriade de textes et d’auteurs concernés est évidemment impossible en quelques minutes : on met donc l’accent sur un courant, un auteur, un thème, une période, une communauté…
L’écoute de la salle permet aussi d’orienter le parcours. Car le voyage se fait bien entendu en interaction avec le public. Selon le timing, des lectures de différents extraits, faites à voix haute par des participants volontaires, peuvent également être proposées, voire préparées et travaillées dans le cas des ateliers.
Si l’on dispose d’un vidéoprojecteur, il est possible de projeter les portraits des auteurs, ainsi que leur nom ; à défaut on peut au moins les écrire sur un tableau, et s’initier à les déchiffrer. C’est un détail qui peut sembler insignifiant, mais qui fait pourtant parti des principales difficultés de l’échange : impossible à la majorité de prononcer et donc de se souvenir du nom d’un grand nombre des auteurs…
C’est enfin l’occasion d’évoquer les questions d’esthétique et de politique culturelle, liées aux écritures théâtrales et à la traduction, d’échanger sur les langues, les identités, les contextes. Le choix de la MEO comme vecteur de cette information ne se fait pas par manque de modestie, mais parce qu’elle a contribué de manière significative à la reconnaissance des écritures théâtrales d’Europe de l’Est dans l’espace francophone. A travers le récit de ses aventures c’est l’occasion de découvrir quel regard, mélange de crainte et de curiosité, une partie du théâtre français porte sur ces « barbares de l’Est sauvage ».
De même, le théâtre n’est pas le plus mauvais vecteur de cette « prise de contact » : en deux décennies il est devenu le principal genre littéraire traduit en français pour un certain nombre de pays, pas si exotiques que ça.